9 mars 2009
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21:40
Il faut le voir vanter ce qu'il n'est pas capable de faire lui même : l'effort, le dépassement de soi, le progrès. Nicolas Sarkozy est né avec une cuillère en argent dans la bouche (comme le disait sa maman avant la présidentielle) et un manque certain de potentiel intellectuel.
Ce n'est pas être insultant que pointer une intelligence limitée. C'est être réaliste. Et pour un touriste amateur de palaces c'est rendu nécessaire par la condescendance pleine de morgue qu'il manifeste à l'égard de plus intelligent que lui.
La récente affaire du DEA dont on n'a aucune preuve qu'il a été obtenu par l'actuel bénéficiaire de vacances luxueuses montre les difficultés scolaires constantes dont a fait preuve le trouillard monté sur ressorts. Et ce n'est pas le communiqué de l'université de Nanterre qui changera grand chose à la situation. On comprend mieux ainsi que Sarkozy n'ait pas été choqué par le diplôme sorti d'un paquet de bonux par Rachida Dati.
L'affaire moins médiatisée du livre sur Georges Mandel, sorti en 1994, est encore plus éclairante. Et montre que certains ne s'embarassent pas de scrupules quand il s'agit de manier la photocopieuse.

Extraits d'un billet dont Sarkophage vous recommande la lecture : Le moine Mandel et le chanoine de Latran, Sarkozy biographomane
Ce n'est pas être insultant que pointer une intelligence limitée. C'est être réaliste. Et pour un touriste amateur de palaces c'est rendu nécessaire par la condescendance pleine de morgue qu'il manifeste à l'égard de plus intelligent que lui.
La récente affaire du DEA dont on n'a aucune preuve qu'il a été obtenu par l'actuel bénéficiaire de vacances luxueuses montre les difficultés scolaires constantes dont a fait preuve le trouillard monté sur ressorts. Et ce n'est pas le communiqué de l'université de Nanterre qui changera grand chose à la situation. On comprend mieux ainsi que Sarkozy n'ait pas été choqué par le diplôme sorti d'un paquet de bonux par Rachida Dati.
L'affaire moins médiatisée du livre sur Georges Mandel, sorti en 1994, est encore plus éclairante. Et montre que certains ne s'embarassent pas de scrupules quand il s'agit de manier la photocopieuse.

Extraits d'un billet dont Sarkophage vous recommande la lecture : Le moine Mandel et le chanoine de Latran, Sarkozy biographomane
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Le « jeu de la politique » attrape dans ses rêts invisibles mais révélateurs nombre des participants, ceux qui sautent comme un cabri de case en case (Monopoly du capitalisme à « refonder »), et d’immeuble huppé en hôtel particulier situé dans le seizième arrondissement de Paris.
Chaque joueur entend laisser derrière lui un livre, une étude, une réflexion, une trace qui montrent ainsi qu’il a su dépasser (« transcender ») le simple déroulement des jours communs et de l’action politique vulgaire.
Evidemment, tout le monde n’est pas capable d’écrire ses « Mémoires », dans le style Chateaubriand ou de Gaulle, ni même d’en avoir vécu les vagues et leur reflux.
Alors, quoi de mieux qu’une biographie ? On choisit un modèle, on s’y mire et le lecteur en vient à faire l’amalgame, les deux figures se superposant l’une sur l’autre, celle du modèle recouvrant celle du peintre et vice-versa.
Quand Adrien Le Bihan a publié, en mars 2008, son vigoureux pamphlet sur Nicolas Sarkozy : La Fourberie de Clisthène, procès du biographe élyséen de Georges Mandel (Editeur Cherche-bruit), il a mis à jour, de manière élégante et précise, l’imposture ayant « présidé » à la démarche de l’auteur.
S’emparer d’une figure historique : un ministre, assassiné sous Pétain par la Milice française sur ordre des nazis, le 7 juillet 1944, pour en faire un portrait controuvé, inexact, plus ou moins plagié ici et là, dans le sens unique du « Voyez comme il était, admirez comme je suis », tel était l’objectif visé.
Il n’y avait certainement que l’ancien ministre du Budget et porte-parole balladurien, devenu depuis « chanoine du Latran », pour ripoliner ainsi, à grands rouleaux, « le moine de la politique », choisi comme sujet spéculaire et objet promotionnel.
Le fait de s’être « inspiré » en grande partie de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, et d’en avoir reproduit tout « innocemment » les erreurs – qui furent d’ailleurs rectifiées par l’auteur dans un ouvrage de 1996, Georges Mandel ou la passion de la République (1885-1944) – parcourt l’ensemble de la biographie publiée en 1994 par le futur chef de l’Etat, louchant aussi du côté de Jean-Noël Jeanneney qui avait traité du même personnage avant lui.
Recopier une faute, c’est prouver que l’on n’a pas vérifié l’information par soi-même.
Mais qu’importe ? Les approximations dans la vérité et dans le langage ressemblent bien à certains tics physiques que l’on connaît depuis mai 2007 chez le partisan autoproclamé, à l’époque, de la « rupture ».
Adrien Le Bihan : « Un homme de tribune s’adresse à des électeurs, s’efforce de remuer leurs tripes. Il se vante d’avoir changé en composant son ouvrage. Celui-ci, hélas, a peu de chance d’être réparé. On ne pourrait, par endroits, que le rafistoler. Sarkozy ne s’aperçoit pas qu’il nuit, par ses négligences, par ses incorrections, au personnage qu’il célèbre. Plus il le loue, plus il augmente la distance qui le sépare de lui. Son empressement à fournir les librairies d’un bouquin défectueux confine au manque de respect. On est tenté de lui appliquer son aphorisme, incrusté d’une expression populaire qu’il croit mitterrandienne : « Il est rare que la vie publique pardonne aux imprudents qui ne savent pas laisser du temps au temps. » Sa chute finale est d’un comique irrésistible : « Il fut le dernier à ne pas croire en lui, en son influence. Quand enfin il comprit, il était déjà trop tard. Ce fut injuste. Ce fut cruel. Mais ce fut ! » (page 20)
Falsifié, sous-estimé à dessein, le rôle du général de Gaulle est mis sous le boisseau (en attendant la Boisserie) pour des raisons purement politiques. L’Histoire s’en remettra.
Adrien Le Bihan : « Avant de s’intéresser à Mandel, Sarkozy, à l’évidence, n’avait pas lu les Mémoires de guerre (dont le premier tome, L’Appel, ne parut, il est vrai, que trois mois avant sa naissance) et il semble qu’il ne les ait pas consultés davantage en confectionnant sa biographie. Il persiste à s’y référer à travers le De Gaulle de Jean Lacouture. Il se représente le Général occupé à « la rédaction de ses souvenirs ». Entre Mémoires et souvenirs, écrire et rédiger, son ouvrage démontre qu’il ne voit pas la différence. » (page 46)
Le fait pour le biographe de mettre sans cesse en avant la judéité de Mandel sert à renvoyer à ses propres racines familiales, et à expliquer comment il a surmonté lui-même ce « handicap » ou cette fatalité.
Le rôle de Jean Moulin est pareillement occulté, ainsi que l’assassinat de Jean Zay : mais il faut savoir résister à l’idéologie (de gauche).
Enfin, concernant la fille de Georges Mandel, un épisode raconté est particulièrement révélateur de la méthode employée par Nicolas Sarkozy (ou celle, formalisée de bric et de broc, qu’il aurait laissée publier, selon de mauvaises langues).
N’est pas biographe qui veut : la rigueur s’impose, pas seulement sur le plan des finances de l’Etat.
Le livre d’Adrien Le Bihan, passionnant dans sa « déconstruction » d’une approche historique biaisée par des préjugés politiciens, ironique en diable – confondre, pour le biographe improvisé, un secrétaire d’Etat de la Résidence d’Alger nommé (Jean) Morize avec la station de ski de Morzine… – déployant un style impeccable et implacable, étincelle comme une analyse sans réplique d’une supercherie « intellectuelle » vraiment insupportable.
Mais le subterfuge venait de haut, et tout le monde, ou presque, en tira chapeau bas.
Chaque joueur entend laisser derrière lui un livre, une étude, une réflexion, une trace qui montrent ainsi qu’il a su dépasser (« transcender ») le simple déroulement des jours communs et de l’action politique vulgaire.
Evidemment, tout le monde n’est pas capable d’écrire ses « Mémoires », dans le style Chateaubriand ou de Gaulle, ni même d’en avoir vécu les vagues et leur reflux.
Alors, quoi de mieux qu’une biographie ? On choisit un modèle, on s’y mire et le lecteur en vient à faire l’amalgame, les deux figures se superposant l’une sur l’autre, celle du modèle recouvrant celle du peintre et vice-versa.
Quand Adrien Le Bihan a publié, en mars 2008, son vigoureux pamphlet sur Nicolas Sarkozy : La Fourberie de Clisthène, procès du biographe élyséen de Georges Mandel (Editeur Cherche-bruit), il a mis à jour, de manière élégante et précise, l’imposture ayant « présidé » à la démarche de l’auteur.
S’emparer d’une figure historique : un ministre, assassiné sous Pétain par la Milice française sur ordre des nazis, le 7 juillet 1944, pour en faire un portrait controuvé, inexact, plus ou moins plagié ici et là, dans le sens unique du « Voyez comme il était, admirez comme je suis », tel était l’objectif visé.
Il n’y avait certainement que l’ancien ministre du Budget et porte-parole balladurien, devenu depuis « chanoine du Latran », pour ripoliner ainsi, à grands rouleaux, « le moine de la politique », choisi comme sujet spéculaire et objet promotionnel.
Le fait de s’être « inspiré » en grande partie de la thèse universitaire de Bertrand Favreau, et d’en avoir reproduit tout « innocemment » les erreurs – qui furent d’ailleurs rectifiées par l’auteur dans un ouvrage de 1996, Georges Mandel ou la passion de la République (1885-1944) – parcourt l’ensemble de la biographie publiée en 1994 par le futur chef de l’Etat, louchant aussi du côté de Jean-Noël Jeanneney qui avait traité du même personnage avant lui.
Recopier une faute, c’est prouver que l’on n’a pas vérifié l’information par soi-même.
Mais qu’importe ? Les approximations dans la vérité et dans le langage ressemblent bien à certains tics physiques que l’on connaît depuis mai 2007 chez le partisan autoproclamé, à l’époque, de la « rupture ».
Adrien Le Bihan : « Un homme de tribune s’adresse à des électeurs, s’efforce de remuer leurs tripes. Il se vante d’avoir changé en composant son ouvrage. Celui-ci, hélas, a peu de chance d’être réparé. On ne pourrait, par endroits, que le rafistoler. Sarkozy ne s’aperçoit pas qu’il nuit, par ses négligences, par ses incorrections, au personnage qu’il célèbre. Plus il le loue, plus il augmente la distance qui le sépare de lui. Son empressement à fournir les librairies d’un bouquin défectueux confine au manque de respect. On est tenté de lui appliquer son aphorisme, incrusté d’une expression populaire qu’il croit mitterrandienne : « Il est rare que la vie publique pardonne aux imprudents qui ne savent pas laisser du temps au temps. » Sa chute finale est d’un comique irrésistible : « Il fut le dernier à ne pas croire en lui, en son influence. Quand enfin il comprit, il était déjà trop tard. Ce fut injuste. Ce fut cruel. Mais ce fut ! » (page 20)
Falsifié, sous-estimé à dessein, le rôle du général de Gaulle est mis sous le boisseau (en attendant la Boisserie) pour des raisons purement politiques. L’Histoire s’en remettra.
Adrien Le Bihan : « Avant de s’intéresser à Mandel, Sarkozy, à l’évidence, n’avait pas lu les Mémoires de guerre (dont le premier tome, L’Appel, ne parut, il est vrai, que trois mois avant sa naissance) et il semble qu’il ne les ait pas consultés davantage en confectionnant sa biographie. Il persiste à s’y référer à travers le De Gaulle de Jean Lacouture. Il se représente le Général occupé à « la rédaction de ses souvenirs ». Entre Mémoires et souvenirs, écrire et rédiger, son ouvrage démontre qu’il ne voit pas la différence. » (page 46)
Le fait pour le biographe de mettre sans cesse en avant la judéité de Mandel sert à renvoyer à ses propres racines familiales, et à expliquer comment il a surmonté lui-même ce « handicap » ou cette fatalité.
Le rôle de Jean Moulin est pareillement occulté, ainsi que l’assassinat de Jean Zay : mais il faut savoir résister à l’idéologie (de gauche).
Enfin, concernant la fille de Georges Mandel, un épisode raconté est particulièrement révélateur de la méthode employée par Nicolas Sarkozy (ou celle, formalisée de bric et de broc, qu’il aurait laissée publier, selon de mauvaises langues).
N’est pas biographe qui veut : la rigueur s’impose, pas seulement sur le plan des finances de l’Etat.
Le livre d’Adrien Le Bihan, passionnant dans sa « déconstruction » d’une approche historique biaisée par des préjugés politiciens, ironique en diable – confondre, pour le biographe improvisé, un secrétaire d’Etat de la Résidence d’Alger nommé (Jean) Morize avec la station de ski de Morzine… – déployant un style impeccable et implacable, étincelle comme une analyse sans réplique d’une supercherie « intellectuelle » vraiment insupportable.
Mais le subterfuge venait de haut, et tout le monde, ou presque, en tira chapeau bas.
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