Une analyse percutante. Des mots qui font mouche ! La magie du verbe et la force de l'écrit pour un uppercut à l'estomac ...
Sarkozy de l'intérieur
Le 13 mai, c’était un treize et je ne me rappelle pas si l’ironie du sort avait voulue que ce soit un vendredi pour souligner l‘horreur de ce qui n’était pas la trame d’un film gore mais la réalité. C’était le printemps, le mois de mai et je me souviens de ton visage, crispé, l’angoisse creusée dans chaque trait de ta peau tirée soucieusement vers les tempes blanches et ta peur, pourtant perceptible, s’oubliait à l’urgence de sauver des enfants qui tremblaient devant un loup devenu fou.
Le loup était sorti du livre pour envahir une école maternelle, dans son ventre aucun chaperon rouge, aucune grand-mère avalée sur son passage. Ce loup cagoulé noir était un loup moderne, plutôt que de souffler fort sur la bergerie ou de montrer les dents, sur son ventre s’enroulait des fils en fins serpents et dans sa main, sûrement tremblante et moite, un détonateur se serrait sur lequel le pouce menaçait de s‘écraser.
Loup y es tu? Loup, tout fou qu’il soit, ne se contentait plus de bouffer les proies rares rencontrées ça et là, qu’il devait courser en s’épuisant davantage avant de se mettre à table sans nappe, ni chandelles. D’ailleurs le loup faisait bien trop souvent les poubelles. Le loup avait les dents longues et la patte deviendrait blanche après ce coup d‘éclat, c’est au restaurant qu’il voulait s’asseoir, le grand restau sans cœur où caviar et champagne réveilleraient son palais en souffrance de sucer tous les dimanches des os de poulet élevé en batterie que sa vieille mère assise face à lui, comme chaque dimanche, lui aurait cuit avec le digne sourire des pauvres qui ne se plaignent pas. Le loup voulait du fric, de l’oseille, de l’argent. Il en était gavé de la soupe à la grimace dans laquelle il baignait depuis fort longtemps, trop longtemps, une eau grasse en vérité dans laquelle il avait décidé de ne plus tremper ni langue, ni doigts. Un fou, oui, pas un exclu du partage, un pauvre d’esprit oui à la culture inexistante si ce n’est celle qui flotte à la surface des bouillons des marmites miasmatiques, pas une crapule calculatrice au QI de 160 digne de croiser le fer ou d‘avancer des pions sur un grand échiquier. Un fou qui ne souffrait de rien sauf de sa folie. Un fou qui avait du trop regarder sa télé et piocher dans une série « B » cette idée saugrenue de séquestrer l’innocence entre des murs décorés de dessins d’enfants. Bref un loup fou n’avait aucune excuse, surtout pas celle d’être désespéré et de souffrir de quelques travers, non pas de porc restés au milieu de la gorge, mais ceux de notre société dirigée par des hommes de bonne volonté qui ne veulent que notre bien - Ah la belle abnégation du soi!-, tous dévoués à leur vocation: notre bonheur!
D’ H.B (human bomb), ce vilain loup poilu, ne restera que cette image du fou incontrôlable, de la vie d’Erick Schmitt on oubliera la détresse, la souffrance qui poussent à perdre sa conscience et sa raison parce que dans notre beau pays propre et bien civilisé on ne peut que se tenir droit sans aller de coté. De toi, petit Nicolas, on gardera l’image d’un homme au sang froid, un héros n’hésitant pas à proposer sa peau contre celle des enfants. Et que l’on garde notre mémoire sélective après tout, inadmissible était le geste du fou, pourquoi chercher plus loin les raisons de ses gestes, pourquoi parler encore de ce morceau de papier où il écrira: « prisonnier de mes rêves les plus fous, je suis mal assis sur une chaise de bambin… Alors, revenons à cette mort dont je sens à peine, mais sûrement, la faux s’affûter sur ma nuque. Mort je suis, il fallait l’être, je m’y suis préparé … » Mort, oui mort il l’était déjà, avant de franchir la porte de la classe le ventre lardé d’explosifs dans cette école et d’y finir trois balles dans la tête après s’être endormi au café bourré de somnifères… Mort, il l’était depuis longtemps comme beaucoup d‘entre nous qui vivons plus de soucis et de précarité en oubliant les petits bonheurs qui n‘ont plus l‘espace d‘emmerger. J’aurais aimé connaître ses rêves les plus fous, mais à défaut de connaître les siens, j’imagine les tiens, et depuis moi je cauchemarde au trottoir de mes soirées et je me sens agneau dans ta grande bergerie. Car depuis ce mois de mai où le vernis à sécher sur des souffrances pour ne montrer que la surface d’un dénouement heureux, ton sourire s’est fait très carnassier avec sur tes canines la blancheur à proposer aux objectifs.
Un masque. Tu portais le masque de l’effroi -Ah, oui, au fait, je te tutoie, tu ne m’en voudras pas de cette familiarité à ton endroit, mais à te regarder si accessible dans mon petit écran couleur quand tu parles de te raser, quand tu fais ton jogging, quand tu bois, tu ris, tu embrasses Cécilia, tu fais parler ton fils pour t‘innocenter, que tu couronnes la première miss de France pour en faire une fée clochette à la baguette tricolore en vue de porter l‘écharpe autour du corps… Toi si près des gens, du peuple, de la populace, du populo, du troupeau avec ce visage compassé de compréhension derrière lequel se cache forte ambition pour améliorer le quotidien fragile et incertain de ces gens aliénés, du peuple petit, de cette populace souffreteuse, du populo rougeaud, du troupeau qui s’égare… Toi qui vides les cages d’escaliers aussi radicalement que les trottoirs pour assurer aux travailleurs qui rentrent épuisés en métro faute d’avoir l’argent pour rentrer en auto de l’usine une place nette et propre parce que tu comprends leur vie de merde et feras tout pour leur tranquillité du soir, le générale de gaulles les avait compris toi tu fais mieux tu les comprends tout de suite maintenant, toi qui soutiens moralement des troupes en uniformes ou dissimulées dans des voitures banalisées mais que j‘entends dire que la maison poulagat ne voit toujours rien venir; qu‘ils se consolent ils sont passés à la télé maintes et maintes fois accrochés à ton bras et fiers de ton sourire ultra brigth. Toi qui, toi qui, toi, toi toi mon toit! Je ne peux que te tutoyer.
Un masque donc tu portais, et pour une fois les caméras qui saisissaient la panique contenue devant l’incertitude du dénouement de l’histoire n’attiraient pas tes yeux, aucune flamme dissimulée au-dedans de l’iris ambitieux pendant les négociations, l’inquiétude, le sang-froid d’un homme emprunt d’humaines considérations, celles de la vie, de vies encore si petites. Sans doute as-tu été un authentique humain durant ces quelques jours où des vies, comme des marionnettes, ont tenu à des fils reliés à une bombe humaine. Un homme, oui, ces quelques jours terribles, tu a été un homme et je ne t’acculerai pas comme l’ont fait certains d’avoir joué coup double à l’école maternelle profitant de l’instant pour te tailler un costar plus larges que tes épaules. Papa Pasqua était là pour avoir le mauvais role: Pan, pan, pan, trois fois pan comme au théâtre
Le loup comme dans les contes a été puni, trois balles en pleine tête valent mieux qu’une ( et on se fout bien qu‘il les ait reçu pendant son sommeil), les enfants ont été sauvés et ton visage s’est détendu aux sourires de ce happy-end qui aurait pu dramatiquement s’achever dans un sang trop frais. Les sourires aux caméras, les mots aux journalistes d’un homme soulagé qu’aucune de ces innocentes vies ne soient anéanties à leur aube.
Peut être est-ce les jours qui ont suivi cet évènement qui ont été marquants pour celui qui a bénéficié d’un pic de popularité pour son intervention au péril de sa vie. Qu’importaient les commentaires, les critiques des adversaires politiques qui voyaient plutôt qu’un homme au cœur de la tourmente agissant en faisant abstraction de son environnement et de ses fonctions, un récupérateur de lauriers. Un héros ce sarko, un héros qui plus jamais ne s’étouffera d’humilité et retiendra de cette expérience que face aux caméras un jeu d’acteur met en valeur certains mots plus que d’autres . La leçon était prise et tu venais de l’apprendre par cœur.
La prise d’otage de l’école maternelle n’a plus qu’un nom: le tien, celui d’Erick Schmitt s’est oublié et si l’on s’en souvient encore on ne regrettera pas sa mort, c’était lui le vilain, il ne nous ressemblait pas et finalement n’avait aucune place dans notre société. Pour être un homme (une femme) digne de l’humanité il faut en toute circonstance se contenir. Vaille que vaille tout va bien, tout va mal, marche droit sur l’allée et tais toi et foutons au caniveau les larmes qui dérangent, camouflons aux piaillements des oiseaux virevoltant au gris du ciel les cris trop stridents de ceux qui sont à terre. Relatons les faits, juste les faits, oublions donc les circonstances.
Je suis une femme, petit Nicolas, je suis une femme et mon sexe me permet, autant que l’histoire du loup de mon enfance jamais puni, de faire payer les hommes pour vivre décemment. Mais moi si j’étais un homme, un homme en souffrance, un homme sans rien que sa désespérance qu’aurais je donc fait quand j’avais plus de quoi bouffer et que le quinze du mois déjà dans l’assiette de mes enfants stagnaient les os à sucer d’un poulet plus très frais élevé en batterie. Dans quelle tentative scabreuse aurais je invectivé ma colère en mêlant le geste à la parole pour hurler au scandale qu’en travaillant honnêtement auprès de mes petits vieux et en faisant des heures au noir de l’état je ne m’en sorte pas! J’aurais pu accepter de tout perdre, ma maison, mes meubles et de vivre pour manger, boire et dormir en oubliant de me poser des questions. J’aurais pu rejoindre une cité hlm et me réjouir de voir que la cage d’escalier était enfin vidée pour me laisser rentrer de mes heures de ménage. J’aurais pu jouer mère courage avec sur les lèvres ce sourire digne et dans les yeux la tristesse mais toujours la fierté d’être honnête et de gagner ma misère en marchant droit, tête haute dans le centre de l’allée. Je suis une femme, petit Nicolas, et en raison de quoi devrais je tout perdre et surtout une qualité de vie qui conserve un équilibre fragile dans ma tête, alouette!
Contentons nous des faits: Je suis une pute, oublions les circonstances: mes enfants devaient manger, rien ni personne ne pouvait m’aider, encore moi la charité d’un état qui attend les papiers d’un divorce pour accorder la moindre allocation mais qui n‘attend pas plus pour autoriser à vous prendre votre maison.
Si j’avais été un homme petit Nicolas, qu’aurais je donc fait?
Depuis quelques jours sur mon trottoir, je me sens Erick Schmitt, depuis que tu es revenu avec tes grandes idées vernies autant que ton sourire, heureux d’avoir tout obtenu de tes exigences. Mais dans le fond de mon cerveau qui bouillonne un peu trop je me demande petit Nicolas qui de toi ou de moi est la plus pute! Je ne vais pas te donner de leçon sur l’intégrité, sur l’étique, sur la vie, pourtant si tu passes par ici, dans mon var, viens me voir. je t’attends, il faut que je t’explique que si je suis sur un trottoir c’est pour ne pas sombrer. Il faut que je te dise que c’est un choix, que l’on ne m’a pas forcée, presque pas, c’est juste votre politique qui m’y a menée, si tu dois lutter contre ça, prends les bonnes décisions, lutte d’abord contre toi parce qu’il est si facile d’user de solutions radicales, c’est aussi facile que d’écarter les jambes à l’arrière d’une voiture.
Je ne suis pas malheureuse, petit Nicolas, je le serai sûrement si tu me condamnais sans chercher à comprendre à passer la nuit derrière des barreaux, à payer une amende si énorme qu’elle me pousserait à continuer de sucer pour pouvoir la payer, si tu me condamnais à des mois de prison pour cette prostitution. Pour sur je ne serai plus embêtée si le registre du commerce accueillait mon nom et que mes impôts fassent de moi une femme honnête au banc de la société m’éjectant de celui des accusées. Mais en aide ménagère je n’étais pas imposable et j’ai été lourdée, ce serait paradoxal qu’en pute forcément imposable je sois accueillie dans le lit où les relations sociales s’épanouissent à l’argent.
Je suis une femme, petit Nicolas, pas une preneuse d’otage d’hommes et encore moins d’enfants, je suis une femme et cette seule condition me permet de ne pas avoir péter les plombs face à ma détresse et au silence des uns et des autres que je refuse d‘entendre à présent dans leurs discours moralistes.
Nicolas le retour, Nicolas comme une ombre qui plane sur des nuits sans sommeil. Nicolas si tu m’arrêtes, si tu me colles en prison, je sortirai de mon anonymat, je ne dirai plus « Marie », je crierai mon prénom et mon nom face aux caméras sans calculs de gloire, je revendiquerai sans enrouler mon ventre à des serpents reliés à un détonateur ma revendication se fera dans la greve de la faim, mais même ça ne sera pas difficile pour une anorexique. Je revendiquerai pour qu’enfin on prenne en compte l’histoire, l’histoire de chacun, pour que les faits si ils doivent être condamnés ne fassent pas oublier les circonstances dont tu, dont vous êtes responsables parfois en oubliant trop vite que s’asseoir sur un fauteuil n’est pas être couronné, en oubliant qu’en parlant face à une caméra on ne s’adresse pas à soi même mais à des gens qui se débattent derrière et qui souvent sortent des normes que vous fixez sans réflexion.
Je me sens Erick scmitt, petit Nicolas, mais on ne me tirera pas trois balles dans la tête, je ne me laisserai pas endormir au noir de ton café somniféré qui finit par bercer les plus grands aliénés de notre société, le peuple, la populace, le populo, ceux qui s’endorment devant leur télé après leur huit heures d’usine mais qui sont heureux que le gentil sarko puisse avoir déblayer leur cage d’escalier pour les laisser accéder à leur porte blindée payée en 24 mois sans frais, ceux qui tremblent de perdre leur boulot de merde qui les fait tenir droit depuis 20 ans, un SMIC vaut mieux que rien du tout, le SMIC c‘est l‘honneur du pauvre. Comme la vie est simple parfois à s’endormir bercé par ton sourire éclatant sur l’écran en écoutant l‘histoire de celui qui a sauvé les trois petits cochons du vilain loup…
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