L'étude des amis (inquiétants) du chasseur d'enfant se poursuit. Partez à la découverte de la faune étonnante qui entoure notre presque déjà président de la république : Nicolas Sarkozy.
Aujourd'hui il est question d'un numéro particulièrement remarquable : un vendeur d'arme aussi propriétaire de journaux. (Oui c'est compatible !)
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Serge Dassault
M. Dassault a longtemps été écrasé par la figure de son père Marcel Dassault. À défaut d'en avoir l'envergure, il en a le cynisme absolu en matière politique, le clientélisme sans borne et les mœurs financières douteuses. En 1976, les révélations d'un ancien cadre de Dassault aviation, Hervé de Vathaire, provoquèrent un énorme scandale.
L'entreprise fraudait le fisc à l'échelle industrielle ; Marcel Dassault finançait ses campagnes et celles d'un certain Jacques Chirac grâce à une véritable caisse noire. cf. Laurent Valdiguié, Notre honorable président, éd. Albin Michel, 2002, chapitre 7, « L'incendie Vathaire »
M. Chirac, très lié au groupe Dassault, secrétaire d'État aux Finances pendant certaines truanderies, faillit voir sa carrière brisée, d'autant que les révélations survenaient alors qu'ils n'étaient plus Premier ministre et pas encore président du parti gaulliste ; mais comme Marcel Dassault avait copieusement arrosé la majorité, les giscardiens et les gaullistes historiques ne purent profiter de l'occasion.
Depuis, les méthodes du groupe Dassault en France n'ont intéressé personne.
En revanche, la justice belge a condamné M. Dassault fils à deux ans de prison avec sursis pour avoir corrompu deux ministres et un secrétaire général de l'O.T.A.N. La Cour de cassation belge a reconnu sa participation personnelle directe à la corruption active, ajoutant que « le marché des contre-mesures électroniques a revêtu pour la société ESD [électronique Serge Dassault] une grande importance parce qu'il a permis à cette entreprise de financer et surtout de développer sa technologie, de la tester, d'en prouver la fiabilité et la compatibilité avec les avions F-16 et de s'ouvrir ainsi à un marché virtuel considérable »
cf. Le Monde, 25 décembre 1998
Il a aussi été condamné à 20 000 F d'amende et 3 000 F de dommages et intérêts par la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris, en 1991, pour « entrave au fonctionnement du comité d'entreprise » cf. Le Monde, 12 janvier 1991
Enfin, le 21 avril 1997, il a écopé d'un an de suspension de son permis de chasse, 10 000 F d'amende, 10 000 F de dommages et intérêts, du franc symbolique et de la confiscation de son véhicule 4 × 4 pour « chasse à l'aide d'un moyen prohibé »
cf. Le Monde, 23 avril 1997
Quant à ses idées, elles sont exposées sans fard : c'est un libéral-conservatisme radical, primaire et haineux. Dans Le Figaro du 26 août 2003, il écrivait ainsi que : « La France va continuer de s'appauvrir, va devenir un pays de fonctionnaires et de chômeurs ! »
Reçu le 10 décembre 2004 par France Inter, il a asséné que « les journaux doivent diffuser des idées saines » et que « les idées de gauche ne sont pas des idées saines » et aussi « nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche qui continuent. »
Mais aussi que :« la gauche trompe, les syndicats trompent les Français en leur faisant croire des choses qui ne sont pas vraies. » et que la France : « va devenir un pays sous-développé […] nous sommes en train de descendre dans un gouffre. »
Bien évidemment, il ne saurait être question de critiquer le coût exorbitant du Rafale, les délais de livraison non respectés, ou d'émettre un doute sur ses qualités militaires : « si on ne peut pas se défendre, on perd la guerre. C'est arrivé plusieurs fois dans la vie de la nation. » Voilà qui est beau comme du Bigeard ou du Pétain.
Pour défendre ses idées, M. Dassault a d'abord racheté le groupe Valmonde, la Socpresse et le groupe L'Express-L'Expansion, ce qui en a fait un des deux plus gros éditeurs de journaux, avec M. Lagardère.
En politique, M. Dassault fut moins heureux. S'il a pris la mairie de Corbeil-Essonnes en 1995 à un parti communiste déclinant, il n'a jamais réussi à devenir député, même en 2002. Ce n'est pourtant pas faute de payer de sa personne : d'après les mauvaises langues, le fils de Marcel Dassault signerait, comme son père, chèque sur chèque à ses électeurs - mais au vu de son casier judiciaire, cette accusation est bien entendu malveillante.
Devant les difficultés du suffrage universel, M. Dassault s'est fait élire sénateur en septembre 2004. Ses collègues sénateurs, même ceux de l'U.M.P., sont excédés par ses manières arrogantes, son manque de savoir-vivre (il laisse par exemple son téléphone portable allumé et l'utilise en pleine séance, ce qui est interdit) et son ignorance superbe de la vie politique.
D'abord chiraquien, il s'est rallié à M. Balladur en 1993, puis à M. Sarkozy de Nagy-Bocsa.
Merci au contributeur rédacteur de ce texte (ce n'est pas Sarkophage !)
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