Souvenez-vous .. nous sommes au lendemain du 29 mai 2006. Chirac s'est pris une gifle dans la figure avec le TCE, les médias sont déconfits, les français majoritairement contre une europe qui marche à l'envers.
Chirac doit changer de gouvernement. Raffarin est cuit jusqu'à l'os d'avoir trop joué sur le raffarien.
Or il n'y a pas beaucoup de successeurs possibles qui puissent "sauver" le mandat de Chirac, à droite. Il faut trouver le bon client et aussi préparer la succession.
Chirac convoque Sarkozy pour faire le point avec lui et aussi sans doute le manipuler comme il fait avec tous ses camarades depuis 40 ans.
Face à Villepin, Chirac est un enfant de coeur ! Vous verrez plus bas. c'est du brutal !
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"Le plus vraisemblable, dit le président, c'est que je ne serai pas candidat. Dans cette hypothèse, tu auras besoin de moi.
- Pas sûr, objecte Sarkozy.
- Pourquoi ?
- La France a guillotiné un roi et une reine alors que rien ne l'y obligeait. Elle n'aime pas les héritiers. Si vous vous prononciez pour moi, je ne suis pas sûr que ça serait mis à mon crédit. Je ne dis pas ça pour être insolent mais parce que je crois que notre pays a toujours voté pour le changement, même s'il pouvait s'agir, dans certains cas, de changement dans la continuité.
- N'importe comment, insiste Chirac, si tu es le meilleur, je t'aiderai.
- Mais si je suis le meilleur, pourquoi ne pas me nommer à Matignon ?"
La réponse est évidente : parce que le chef de l'Etat entend encore avoir son mot à dire. Les deux hommes ont en effet des différends importants. Sur le modèle social français que Sarkozy entend remettre en ordre de marche. Ou encore sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, que le chef de l'Etat a plus ou moins patronnée.
Conscient de tout cela, Sarkozy concède qu'il serait prêt à revenir au ministère de l'intérieur où il a été " heureux". Le chef de l'Etat semble soulagé, tout d'un coup :
"Il faut que tu voies Dominique.
- Je ne le verrai qu'après vous avoir entendu dire à la télévision : "J'ai demandé à Nicolas Sarkozy d'être ministre d'État et il a accepté"."
Façon de dire qu'il veut être nommé par Chirac et non par Villepin. C'est du président qu'il entend tirer sa légitimité, pas de l'homme qui a pour mission, entre autres, de le détruire.
Reste l'épineuse question de la présidence de l'UMP que Chirac jugeait incompatible, il n'y a pas si longtemps, avec un poste ministériel.
"Qu'est-ce qu'on fait ?, demande le président.
- Je garde la présidence, répond Sarkozy.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai pris la présidence de l'UMP contre vous. Si vous me l'aviez donnée, j'aurais accepté de vous la rendre. Mais là, après tout ce qui s'est passé, vous comprendrez que je ne puisse la mutualiser dans votre discussion.
- Tu vas m'humilier.
- On verra."
C'est ainsi que Sarkozy s'est retrouvé numéro deux du gouvernement Villepin. (...) Chirac a-t-il donné à Villepin la mission d'en finir avec Sarkozy ? C'est en tout cas celle que le nouveau premier ministre s'est fixée. Il a une ambition et une stratégie dont il n'a jamais fait mystère : "La France a envie qu'on la prenne. Ça la démange dans le bassin. Celui qui l'emportera à la prochaine élection, ce ne sera pas un permanent de la politique, mais un saisonnier, un chenapan, un maraudeur." Il s'y voit déjà...
Il ne supporte pas que Sarkozy ait revêtu les habits du favori pour la prochaine élection présidentielle. Il pronostique, depuis plusieurs mois, la chute incessamment sous peu de celui qu'il appelle, selon les jours, le " nain" ou le " nabot". Parfois, il propose aux démocrates de rallier son drapeau contre le danger que fait courir à la France le président de l'UMP : "C'est un fasciste, un fasciste à la française, prêt à tout pour arriver à ses fins." Parfois, mais seulement dans les bons jours, il compare Sarkozy au général Boulanger : "Un allumeur, un baratineur de soirée dansante, mais il serait bien incapable de faire un enfant à la France. Il n'a rien dans le pantalon."
Rarement on aura vu, dans la politique française, un tel flot, pardon, un tel déluge de haine et de violence. A côté, l'aversion qui dresse l'un contre l'autre Chirac et Sarkozy relève de la querelle enfantine. Aux journées parlementaires de l'UMP à Evian, Sarkozy fait un tabac auprès des élus. Villepin, qui a été mollement applaudi, se sent humilié et le dit plus tard dans la soirée au ministre de l'intérieur : "Plus jamais ça." Alors, Sarkozy : "Ça fait trente ans que je me bats. Pour me déloger, il faudra y aller à l'arme blanche."
Article paru dans le journal Le Monde - 08.03.2006
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