Il en a pas l'air comme cela, mais qu'est ce qu'il est bavard ! Sarkophage veut parler de Troud, dessinateur originaire du pays de la Rilette et de François Rantanplan.
Vous allez le lire, Troud fait dans le détail et le précis, il n'aime pas les approximations. D'ailleurs c'est super sympa de sa part car cela permet de nous en apprendre plus sur son actvité.
Pour aller le visiter (en pensant à essuyer son clavier avant d'entrer) on le retrouve sur deux blogs. Les dessins d'humeur de Troud tout d'abord, et L'autre face de Troud.
Ce dessintateur primé fait rire le taulier de ce blog, et en allant voir ces deux sites vous comprendrez mieux ...
Le dessin c'est un besoin ? Un exutoire ? Un ronge frein ? Une vocation ? Une souffrance ? Ca file des ampoules ? De la corne aux mains ?
Je dirais que c’est un peu tout ça à la fois ! Il y a avant tout le plaisir de dessiner ; plaisir qui se confond avec le besoin. En fait ça me permet de vider mon sac, de donner mon point de vue sur un sujet, qu’il soit drôle ou pas. Pas d’ampoules ni de cornes aux mains, mais des fois je vais être d’une humeur massacrante parce que je n’arrive pas à coucher une idée. Donc oui il y a bien une notion de souffrance.
Comment avez vous fait vos armes de dessinateur ? Faut-il des gènes sans s'appeler eugène ? Le talent ça se trouve sur Le Bon coin ?
Cabu croquant Dorothée dans l’émission « Récré A2» a été le déclencheur. Je me suis alors plongé dans la BD et je me suis mis à lire tout ce qui me tombait sous la main. Un jour on m’a offert quelques Gaston et là j’ai flashé sur le travail de Franquin ! Depuis je n’ai jamais lâché mon crayon malgré les remarques intelligentes de mes profs. Beaucoup plus tard vers 22 ans j’ai rencontré l’équipe d’un fanzine politico satirique qui cherchait des dessinateurs, et c’est ainsi que j’ai commencé à ralentir la BD pour me consacrer au dessin de presse. Je suis tombé amoureux du fanzinat et surtout du dessin de presse. Ensuite il m’a fallut dessiner dessiner dessiner encore et encore. J’avais des prédispositions, mais je devais m’améliorer, alors que je suis un gros paresseux, comme bon nombre de dessinateurs d’ailleurs !
Que ou qui préférez vous dessiner ? Y a-t-il des sujets / personnes difficiles ou impossibles à croquer ? Avez vous de vraies allergies ?
Je pense que ce sont surtout mes contemporains que j’aime le plus dessiner, les gens. J’ai à la fois de la tendresse pour eux et en même temps envie de leur cracher dessus ! L’être humain m’épatera toujours dans ce que j’appellerais « sa constance dans le n’importe quoi ». Au fond on sait ce qui est bon ou pas pour l’ensemble de l’humanité, mais on s’entête à foncer droit dans le mur. Je ne pense pas avoir une tête de Turc, j’en ai des centaines du coup !
Quels sont les dessinateurs dont vous vous sentez le plus proche ? Et ceux qui vous énervent ? (des noms, des noms !)
Il y en a plein! J’aime beaucoup ce que font Charb, Deligne, Na!, Large, Lardon, Valère etc…ceux qu’on retrouve sur ma liste de liens sur mon blog. Il y a aussi ceux qui m’ont fait hurler de rire dans Psikopat comme Carali, Edika, Babouse, Berth, Carali, Barros…À mes débuts j’ai involontairement pompé Luz (je l’avoue hein !), il a un peu été mon modèle de trait et d’esprit. En fait la liste serait trop longue, mais en général j’apprécie les dessinateurs qui vont droit au but, sans en rajouter des tonnes et qui tapent juste. J’aime beaucoup aussi les dessinateurs américains, anglais africains…en fonction des cultures on trouve moult styles forts intéressants. Après ceux qui m’énervent beh y’en a pas ! C’est le dessin qui m’intéresse, le dessinateur ou la dessinatrice au bout du crayon a le droit d’être une buse, ça ne changera rien.
Vos opinions sont elles dans vos dessins ? Peut-on rester neutre et impartial quand on dessine ? On se sent mieux ou pas après avoir fini ?
Obligatoirement, je ne me vois pas donner un avis qui ne me correspond pas ! Comme je disais le dessin est un besoin, un exutoire, donc ce que je dis, je le pense sincèrement. Et oui une fois que le dessin est terminé et mis en ligne je me sens libéré d’un poids.
Pour 2012 avez vous un plan de bataille ? La campagne présidentielle fera-t-elle de votre part l'objet d'un traitement particulier ? Avez vous envie de soutenir ou dézinguer un candidat, un parti plus spécifiquement ?
Bien entendu ! Comme tous les dessinateurs qui vont s’en donner à cœur joie ! Je n’ai pas de candidat à dézinguer en particulier, je dirais…toutes et tous ! Ils sont tellement ridicules en temps normal que quand arrivent les élections et redoublent d’âneries. Et je n’apporterai aucun soutien à quelconque candidat(e), les gens sont assez grands et (ou) assez bêtes pour savoir pour qui voter.
Pensez vous qu'un dessinateur puisse influencer le vote des citoyens ?
Merde, ben j’espère pas ! Je sais que les humoristes peuvent avoir semble t’il de l’influence sur les votes, je trouve ça con et inquiétant. Un dessin peut faire réagir, mais de là à avoir réellement de l’influence sur un vote…je pense que les lecteurs doivent allez au delà du dessin.
Comment travaillez vous concrètement ? Au crayon ? A la plume ? Avec un logiciel ? Racontez-nous vos recettes de fabrication.
Le plus simplement du monde : feuilles 80 ou 125 grammes, critérium mine 9 mm, gomme, feutre-pinceau pour l’encrage, retouches sur logiciel de colorisation très connu et sur marque d’ordinateur très connue également. Mes journées commencent par l’écoute de la radio, je capte un sujet qui m’inspire et là je jette mes idées sur une feuille. Ensuite je creuse un peu plus le sujet sur plusieurs sites, et aussi journaux papier. Je note des trucs, je fais des essais…Quand les idées ne viennent pas je fume une clope dehors, et dès que c’est bon j’y vais.
Comment voyez vous l'évolution de la liberté d'expression dans notre pays ? Et demain ce sera pire ? Etes vous prêt à mourir sur les barricades pour la défendre ?
Pas terrible en effet, le gouvernement français (comme d’autres) se replie sur lui-même et pour s’assurer sa survie neutralise ses opposants. Museler un peuple n’est pas viable à long terme : on voit les exemples en Afrique du nord. Ici c’est plus insidieux, nos politiques sont très astucieux pour nous mettre bien profond, et on ne sait pas encore ce que sont capables d’imaginer leur cerveau de malades mentaux. Le fait de dessiner déjà est à mon sens un acte politique, mais si un jour le crayon de suffit plus il faudra y aller bien entendu.
Internet vous apporte-t-il quelque chose en tant que dessinateur, ou l'inverse ?
Oui Internet apporte irrémédiablement du bon : c’est le moyen le plus direct pour montrer mes dessins ! Quand on voit la galère que c’est pour espérer avoir un dessin publié dans la presse papier ! Après concernant l’exactitude des informations je me méfie quand même étant donné que ça peut changer toutes les secondes. Mais par contre c’est une bibliothèque d’images incroyable.
Quel serait votre plus grand bonheur en tant que dessinateur ? Pourquoi ?
Je ne me fixe pas forcément de buts (contrairement à certains je pense), mais parfois j’ai déjà du mal à réaliser que j’en suis là aujourd’hui! Le fait d’avoir rencontré un paquet de dessinateurs tout au long de mon parcours, d’avoir été publié dans l’Almanach de dessin de presse 2010 et 2011, invité à des salons comme celui d’Arras, les Ridep dernièrement, de gagner un peu de sous comme dessinateur…et c’est déjà une grande chance de faire ce qu’on aime ! Mais …c’est vrai que j’aimerais bien être publié dans Psikopat (héhé). Je dirais que prends les choses comme elles viennent, on verra où elles me mènent
Retrouvez les précédents interrogés : Biz - Na ! - Florian Roulies - Philippe Decressac - Jardin - Erby - Laplote - Jac