16 février 2009
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Il faut parfois écouter les historiens. Ainsi pour comprendre le Sarkozysme, idéologie visqueuse et malodorante s'il en est, faut il s'intéresser à quelques modèles ou contre modèles historiques.
Non que Sarkozy connaisse l'histoire. C'est un petit garçon qui n'a rien retenu de l'école, persuadé que sa naissance et ses relations lui ouvriraient toutes les portes. Enfin il a retenue une chose : la princesse de Clève, c'est chiant !
Sarkozy est donc un président amnésique. Ce bonsaï monté sur piles vit dans un monde sans racines, sans accroches. Un monde de dessin animé ou il joue le rôle de Goldorak pour épater la gallerie.

L'historien Emmanuel de Waresquiel le dit mieux que votre fidèle et infatigable serviteur !
Non que Sarkozy connaisse l'histoire. C'est un petit garçon qui n'a rien retenu de l'école, persuadé que sa naissance et ses relations lui ouvriraient toutes les portes. Enfin il a retenue une chose : la princesse de Clève, c'est chiant !
Sarkozy est donc un président amnésique. Ce bonsaï monté sur piles vit dans un monde sans racines, sans accroches. Un monde de dessin animé ou il joue le rôle de Goldorak pour épater la gallerie.

L'historien Emmanuel de Waresquiel le dit mieux que votre fidèle et infatigable serviteur !
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Emmanuel de Waresquiel, 51 ans, est historien et enseigne à l’Ecole pratique des hautes études. Spécialiste du XIXe siècle, il a publié une biographie de Talleyrand : le prince immobile (Fayard, 2003) et travaille aujourd’hui sur un autre grand personnage de l’époque napoléonienne, Joseph Fouché. Il vient de publier Cent Jours : la tentation de l’impossible (Fayard, 2008).
Nicolas Sarkozy est-il un nouveau Bonaparte, comme l’avance Alain Duhamel dans son dernier livre (1) ?
Je ne le crois pas. Il n’est ni un nouveau Bonaparte ni un nouveau Napoléon. C’est un énorme anachronisme, ne serait-ce que parce qu’il n’est heureusement pas arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. Il n’est pas non plus un fondateur comme a pu l’être le Premier consul. Lorsqu’on regarde l’œuvre de Bonaparte au lendemain de Brumaire, on est impressionné : il signe vingt traités de paix avec l’Europe, conclut un concordat avec l’Eglise, met en chantier le code civil, etc. Il s’agissait alors de terminer la Révolution. Si Nicolas Sarkozy était l’homme d’une telle œuvre, cela se saurait*. Il n’est pas non plus Napoléon. L’empereur s’inscrivait dans la lignée d’Alexandre le Grand ou de Charlemagne. Or, Nicolas Sarkozy est profondément l’homme du présent, d’un présent immédiat aussi fin qu’une feuille de papier à cigarette. Il ne semble avoir, sur le plan symbolique, ni passé ni avenir, et ne se réclame pas d’une continuité historique. Nicolas Sarkozy est un président amnésique, y compris de son propre passé. Lorsqu’il va en Hongrie, il refuse de visiter les lieux de sa mémoire familiale. Là est sans doute la vraie rupture, du point de vue des représentations, si on le compare à ses prédécesseurs. Nicolas Sarkozy ne se projette pas non plus dans l’avenir : il n’est pas, semble-t-il, un président bâtisseur qui souhaiterait laisser sa marque, pour la postérité, dans l’espace parisien ou français. Son encéphalogramme historique est plat. Ses références historiques, leur instrumentalisation politique - le «sombre Moyen Age», le «peuple» régicide, la «lettre de Guy Môquet» - me font penser au lapin qui sort du chapeau. C’est de la prestidigitation, pas de l’histoire. Ses teinturiers, comme on disait au XIXe siècle de ceux qui étaient derrière les écrits d’un autre, ne me semblent pas très à l’aise avec la connaissance de l’histoire.
Les deux hommes sont des aventuriers de la politique, pas des héritiers…
C’est exact. On peut même ajouter qu’ils sont des parvenus. Napoléon était fasciné par la noblesse, au point de recréer une aristocratie. Talleyrand, son ministre des Relations extérieures, l’avait séduit parce qu’il était un grand seigneur de l’ancienne cour de Versailles, par son style et ses usages. Aujourd’hui, «l’aristocratie des vanités», comme disait Chateaubriand, a changé de position. Le Talleyrand de Sarkozy, c’est Bolloré et son yacht ! Ce qui est également intéressant à observer, c’est qu’ils sont tous les deux des latins en politique, à la fois sanguins et hommes de réseaux. Jamais en France, nous n’avions connu une telle pratique du donnant-donnant.
Une autre thèse court, celle défendue par Jean-Marie Colombani, qui voit en Nicolas Sarkozy, non pas un nouveau Bonaparte, mais «un Américain». Il cite cette phrase de Jérôme Monod, l’ex-conseiller de Jacques Chirac, qui le décrit comme «un immigré hongrois en partance pour l’Amérique qui a posé ses valises à Paris». Qu’en pensez-vous ?
Il a en effet un côté coucou. Bonaparte aussi. Tous les deux ont couvé leurs œufs dans un même nid français, Napoléon Bonaparte était corse, fraîchement français et de culture italienne. Nicolas Sarkozy vit, lui, dans le mythe du rêve américain, y compris dans sa vie privée, en s’inscrivant mentalement dans le modèle fabriqué pour le couple Kennedy. Mais la comparaison s’arrête là. A la fin de son règne, Napoléon avait, comme De Gaulle, véritablement le sentiment «d’être» la France. Bref, la France lui appartenait.
Comme Napoléon, Nicolas Sarkozy court-il le risque d’être victime d’un sentiment de toute puissance ?
Dès après son sacre, en 1804, l’empereur n’écoutait plus ce qu’on lui disait. «Que voulez-vous faire d’un homme qui n’a pour toute conversation que celle de monsieur Maret», disait Talleyrand goguenard. Hugues-Bernard Maret, l’homme lige de Napoléon, son ministre secrétaire d’Etat, ne se serait jamais permis la moindre critique à l’égard du «maître». Cela est peut-être arrivé beaucoup plus vite à Nicolas Sarkozy, qui lui aussi semble enfermé dans son propre reflet, Mais, dans le cas présent, ce n’est que psychologique, car de quelle volonté de puissance parle-t-on ? Aujourd’hui, celle-ci a beaucoup de mal à s’exercer dans la réalité des faits. Ceux-ci ont pris la dimension du monde. Nicolas Sarkozy, qui, en l’occurrence, n’y peut rien, est animé de l’obsession de donner à penser que cette volonté existe. Dans le cas de Napoléon, elle agissait vraiment sur le réel. Chez Nicolas Sarkozy, on ne parvient pas à prendre cette volonté au sérieux.**
S’il n’est pas Bonaparte, est-il au moins bonapartiste ?
Je ne le crois pas non plus. Le bonapartisme, ce fut le gaullisme, pas le sarkozysme. Aujourd’hui, nous avons plutôt une droite louis-philipparde, à la manière du dernier Guizot. Le bonapartisme est très différent : il repose sur l’égalité et la gloire. Or, quelle gloire peut revendiquer Nicolas Sarkozy ? Cette nostalgie de la gloire était beaucoup plus présente chez Jacques Chirac ou chez Dominique de Villepin. Chez Nicolas Sarkozy, il n’y a aucune nostalgie. Il me fait penser à ce que Talleyrand disait à son bibliothécaire Fercoq à la fin de sa vie : «Dans la vie, voyez-vous, il y a trois formes de savoirs : le savoir tout court, le savoir-faire et le savoir vivre. Et il ajoutait finement : le seul qui compte au fond, c’est le savoir vivre.» Je crains que Nicolas Sarkozy ne possède que le savoir-faire.
Nicolas Sarkozy est-il un nouveau Bonaparte, comme l’avance Alain Duhamel dans son dernier livre (1) ?
Je ne le crois pas. Il n’est ni un nouveau Bonaparte ni un nouveau Napoléon. C’est un énorme anachronisme, ne serait-ce que parce qu’il n’est heureusement pas arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. Il n’est pas non plus un fondateur comme a pu l’être le Premier consul. Lorsqu’on regarde l’œuvre de Bonaparte au lendemain de Brumaire, on est impressionné : il signe vingt traités de paix avec l’Europe, conclut un concordat avec l’Eglise, met en chantier le code civil, etc. Il s’agissait alors de terminer la Révolution. Si Nicolas Sarkozy était l’homme d’une telle œuvre, cela se saurait*. Il n’est pas non plus Napoléon. L’empereur s’inscrivait dans la lignée d’Alexandre le Grand ou de Charlemagne. Or, Nicolas Sarkozy est profondément l’homme du présent, d’un présent immédiat aussi fin qu’une feuille de papier à cigarette. Il ne semble avoir, sur le plan symbolique, ni passé ni avenir, et ne se réclame pas d’une continuité historique. Nicolas Sarkozy est un président amnésique, y compris de son propre passé. Lorsqu’il va en Hongrie, il refuse de visiter les lieux de sa mémoire familiale. Là est sans doute la vraie rupture, du point de vue des représentations, si on le compare à ses prédécesseurs. Nicolas Sarkozy ne se projette pas non plus dans l’avenir : il n’est pas, semble-t-il, un président bâtisseur qui souhaiterait laisser sa marque, pour la postérité, dans l’espace parisien ou français. Son encéphalogramme historique est plat. Ses références historiques, leur instrumentalisation politique - le «sombre Moyen Age», le «peuple» régicide, la «lettre de Guy Môquet» - me font penser au lapin qui sort du chapeau. C’est de la prestidigitation, pas de l’histoire. Ses teinturiers, comme on disait au XIXe siècle de ceux qui étaient derrière les écrits d’un autre, ne me semblent pas très à l’aise avec la connaissance de l’histoire.
Les deux hommes sont des aventuriers de la politique, pas des héritiers…
C’est exact. On peut même ajouter qu’ils sont des parvenus. Napoléon était fasciné par la noblesse, au point de recréer une aristocratie. Talleyrand, son ministre des Relations extérieures, l’avait séduit parce qu’il était un grand seigneur de l’ancienne cour de Versailles, par son style et ses usages. Aujourd’hui, «l’aristocratie des vanités», comme disait Chateaubriand, a changé de position. Le Talleyrand de Sarkozy, c’est Bolloré et son yacht ! Ce qui est également intéressant à observer, c’est qu’ils sont tous les deux des latins en politique, à la fois sanguins et hommes de réseaux. Jamais en France, nous n’avions connu une telle pratique du donnant-donnant.
Une autre thèse court, celle défendue par Jean-Marie Colombani, qui voit en Nicolas Sarkozy, non pas un nouveau Bonaparte, mais «un Américain». Il cite cette phrase de Jérôme Monod, l’ex-conseiller de Jacques Chirac, qui le décrit comme «un immigré hongrois en partance pour l’Amérique qui a posé ses valises à Paris». Qu’en pensez-vous ?
Il a en effet un côté coucou. Bonaparte aussi. Tous les deux ont couvé leurs œufs dans un même nid français, Napoléon Bonaparte était corse, fraîchement français et de culture italienne. Nicolas Sarkozy vit, lui, dans le mythe du rêve américain, y compris dans sa vie privée, en s’inscrivant mentalement dans le modèle fabriqué pour le couple Kennedy. Mais la comparaison s’arrête là. A la fin de son règne, Napoléon avait, comme De Gaulle, véritablement le sentiment «d’être» la France. Bref, la France lui appartenait.
Comme Napoléon, Nicolas Sarkozy court-il le risque d’être victime d’un sentiment de toute puissance ?
Dès après son sacre, en 1804, l’empereur n’écoutait plus ce qu’on lui disait. «Que voulez-vous faire d’un homme qui n’a pour toute conversation que celle de monsieur Maret», disait Talleyrand goguenard. Hugues-Bernard Maret, l’homme lige de Napoléon, son ministre secrétaire d’Etat, ne se serait jamais permis la moindre critique à l’égard du «maître». Cela est peut-être arrivé beaucoup plus vite à Nicolas Sarkozy, qui lui aussi semble enfermé dans son propre reflet, Mais, dans le cas présent, ce n’est que psychologique, car de quelle volonté de puissance parle-t-on ? Aujourd’hui, celle-ci a beaucoup de mal à s’exercer dans la réalité des faits. Ceux-ci ont pris la dimension du monde. Nicolas Sarkozy, qui, en l’occurrence, n’y peut rien, est animé de l’obsession de donner à penser que cette volonté existe. Dans le cas de Napoléon, elle agissait vraiment sur le réel. Chez Nicolas Sarkozy, on ne parvient pas à prendre cette volonté au sérieux.**
S’il n’est pas Bonaparte, est-il au moins bonapartiste ?
Je ne le crois pas non plus. Le bonapartisme, ce fut le gaullisme, pas le sarkozysme. Aujourd’hui, nous avons plutôt une droite louis-philipparde, à la manière du dernier Guizot. Le bonapartisme est très différent : il repose sur l’égalité et la gloire. Or, quelle gloire peut revendiquer Nicolas Sarkozy ? Cette nostalgie de la gloire était beaucoup plus présente chez Jacques Chirac ou chez Dominique de Villepin. Chez Nicolas Sarkozy, il n’y a aucune nostalgie. Il me fait penser à ce que Talleyrand disait à son bibliothécaire Fercoq à la fin de sa vie : «Dans la vie, voyez-vous, il y a trois formes de savoirs : le savoir tout court, le savoir-faire et le savoir vivre. Et il ajoutait finement : le seul qui compte au fond, c’est le savoir vivre.» Je crains que Nicolas Sarkozy ne possède que le savoir-faire.

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* Sarkozy c'est une oeuvre unique qui se résume en quelques mots passés à la postérité : Casse toi pauv' con !
** Traduction : c'est un guignol de première qui se prend vraiment trop au sérieux !
Merci au journal Libération pour l'entrevue avec ce brillant chercheur non dénué d'humour et d'intelligence. Tout sauf Sarko compatible le pauvre !
Sarkostique le Sarkozy blog officiel satirique
Ecrit par Sarkostique le blog anti sarkozy
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Ce qu'ils pensent de Sarko
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